Théories implicites à l’égard des personnes porteuses de trisomie 21

auteurs

  • Enea-Drapeau Claire
  • Carlier Michèle
  • Huguet Pascal

type de document

COMM

résumé

Les associations de parents d’enfants porteurs de trisomie 21 (t21) déplorent l’existence d’un regard négatif vis-à-vis de la t21 et des difficultés dans l’inclusion scolaire, en dépit du stéréotype social positif associé à la t21 (affectueux, sociable - i. e. Gilmore, Campbell, & Cuskelly, 2003). Outre une déficience intellectuelle, les personnes porteuses de t21 présentent des caractéristiques faciales qui rendent leur identification immédiate participant ainsi à leur stigmatisation. Nous nous intéressons ici aux théories implicites à l’égard de ces personnes. Dans un premier temps, les travaux présentés concernent l’impact de la variabilité des traits faciaux de ces personnes sur les jugements au niveau explicite et au niveau implicite (Enea-Drapeau, Carlier, & Huguet, 2012; Enea-Drapeau, Huguet, & Carlier, 2014). Nous montrons que le biais positif généralement trouvé dans les jugements explicites est plus faible pour les enfants présentant les traits faciaux les plus caractéristiques de la t21 comparés à ceux présentant des traits moins marqués et à ceux des enfants tout venant. Au niveau implicite, ce biais coexiste avec des évaluations négatives, même chez des professionnels du handicap intellectuel. Nous montrons que les traits du visage de ces enfants influent sur les jugements concernant leur intelligence: plus leur visage est typique de la t21 moins ils sont évalués « intelligents ». Pourtant, ces jugements ne sont pas corrélés avec leur niveau intellectuel et leurs scores aux tests de raisonnement et de langage ne sont pas non plus corrélés avec la perception de leur visage. Enfin, les conceptions de l’intelligence, en fonction de leur caractère fixiste ou incrémentiel, peuvent influencer les comportements, notamment les pratiques des enseignants (moins la conception de l’intelligence est incrémentielle, moins les pratiques sont positives) (Dweck, 1999; Dweck, Chiu, & Hong, 1995; Leroy, Bressoux, Sarrazin, & Trouilloud, 2007; Rattan, Good, & Dweck, 2012). Or nous montrons que les conceptions concernant l’intelligence des personnes porteuses de t21 sont moins incrémentielles que celles concernant l’intelligence de la population générale, même chez des professionnels du handicap intellectuel (Enea-Drapeau, 19 Carlier, & Huguet, 2017). Tous ces éléments éclairent les processus en jeu dans l’inclusion scolaire et permettent d’envisager perspectives et pistes d’actions.

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