Soutenance de thèse Camille Grasso

Date: 
Jeudi, 5 Mai, 2022 - 10:00
Date fin: 
Jeudi, 5 Mai, 2022 - 14:30
Lieu: 
Campus St Charles, Salle des Voûtes

Jeudi 5 mai à 10h00 

Salle des Voûtes, Bâtiment 9 du Campus St-Charles à Marseille 

Traitement des mots abstraits : comment le corps et le mouvement ancrent le concept de temps dans notre architecture cognitive 

Abstract

Humans are equipped with a set of concepts of which they have no perceptive or motor experience. This capacity to transcend the physical world to build a universe of abstract representations, such as astrophysics or time, is one of the most sophisticated of human cognition. If the involvement of sensorimotor processes in the processing of concrete words is now established, their role in the representation and the processing of abstract concepts is at the heart of a lively debate. Based on a detailed review of data from the literature, and theoretical proposals such as neural reuse and correlational learning, we examined the way in which temporal abstract concepts could be grounded. In a series of five experiments, we investigated the role of movement in the emergence of space-time congruency effects during the visual processing of words conveying temporal information. Overall, our results suggest that movement plays a key role for the grounding (and the processing) of the temporal content of these words. Considering our results, several theoretical propositions (not exclusive) can be made. First, the abstract concept of time could be directly grounded in the temporal experience that accompanies the execution of the movement. In this sense, the overlaps between time and space would not imply that time is intrinsically spatial in nature, but that time and space are generally confused because they are experienced together through movement. Second, the mechanisms underlying the representation and processing of temporal concepts could reuse those of motor planning and spatial cognition. Third, the repeated action of reading and writing could constitute the sensorimotor experience that links space and time together.

 

Résumé 

L'individu se nourrit d’un ensemble de concepts dont il n’a pourtant aucune expérience sensorielle et motrice. Cette capacité à transcender le monde physique pour construire un univers de représentations abstraites, comme celle de temps, est considérée comme l’une des plus sophistiquées de la cognition humaine. Si l’implication des processus sensorimoteurs dans le traitement des mots concrets est aujourd’hui établie, leur rôle dans le traitement des mots désignant des concepts abstraits est au cœur d’un vif débat. À partir de propositions théoriques comme celles de la réutilisation neuronale et de l’apprentissage par corrélation, nous proposons une piste explicative de l’ancrage des concepts abstraits temporels. Dans une série de cinq études, nous avons mis en évidence le rôle du mouvement dans l’émergence d’effets de congruence spatio-temporelle lors du traitement de mots liés au temps. Plusieurs propositions théoriques peuvent êtes faites à la lumière de nos résultats. La première est que le concept de temps pourrait s’ancrer directement dans l’expérience temporelle qui accompagne le mouvement. En ce sens, les chevauchements entre temps et espace n’impliqueraient pas que le temps soit intrinsèquement de nature spatiale, mais que temps et espace soient confondus parce que vécus ensemble via le mouvement. La deuxième est que les mécanismes qui sous-tendent la représentation et le traitement des concepts temporels pourraient réutiliser ceux de la planification motrice et de la cognition spatiale. La troisième est que l’action répétée de lecture et d’écriture pourrait constituer l’expérience sensorimotrice de premier ordre qui définit le cadre d’ancrage de temps, et lie ensemble espace et temps.

 

Composition du jury 

 

Pr. Sylvie Droit-Volet, Université Clermont Auvergne (Rapportrice)
Dr. Ludovic Ferrand, CNRS, Université Clermont Auvergne (Rapporteur)
Dr. Véronique Boulenger, CNRS, Université Lyon 2 (Examinatrice)
Dr. Kristof Strijkers, CNRS, Aix-Marseille Université (Examinateur)
Dr. Johannes Ziegler, CNRS, Aix-Marseille Université (Directeur de thèse)
Dr. Marie Montant, Aix-Marseille Université (Co-directrice de thèse)