L’identité de genre, qui renvoie à l’identification aux rôles de genre (féminins vs masculins) et à la valeur qu’on leur accorde (Egan & Perry, 2001), est un facteur fondamental, en pleine évolution durant l’adolescence. En plus d’être une période charnière de l’adolescence, la scolarité au collège représente une période propice pour étudier le développement de l’identité de genre dans un système scolaire fortement marqué par des attentes stéréotypées genrées (Verniers, Martinot, & Dompnier, 2016), susceptibles d’être perçues et/ou vécues différemment en fonction de l’origine culturelle des élèves (Corby, Hodges, & Perry, 2007). De ce point de vue, la typicalité de genre (à quel point on se sent semblable aux autres membres de son groupe de genre) et la conformité de genre (à quel point on ressent de la pression sociale à se conformer aux rôles prescrits par son groupe de genre), sont deux dimensions de l’identité de genre particulièrement intéressantes. L’objectif de la présente étude était donc d’examiner le développement de ces deux dimensions durant les quatre années de la scolarité au collège, chez les filles et les garçons, en fonction de leur origine culturelle. L’échantillon était composé de 1104 élèves français·e, dont 570 d’origine européenne et 534 d’origine maghrébine. Les élèves étaient inclus·e dans l’étude en début de 6ème, et suivis jusqu’à la fin de la classe de 3ème. Le protocole, qui n’a pas fait l’objet d’un préenregistrement et qui s’inscrit dans une étude plus large, a consisté à faire compléter aux élèves, durant chacune des quatre années du collège, une version adaptée de l’échelle d’identité de genre de Egan et Perry (2001). Des modèles de courbe de croissance à variables latentes ont permis d’estimer les niveaux initiaux et l’évolution des deux dimensions en fonction du genre et de l’origine culturelle des élèves. Les résultats indiquent qu’en 6ème, indépendamment de leur origine culturelle, les garçons se sentent plus typiques et perçoivent plus de pression à se conformer à leur groupe de genre que les filles. Le sentiment de typicalité décroît de la 6ème à la 3ème chez tous les élèves à l’exception des garçons d’origine maghrébine où il reste stable. La pression ressentie à se conformer à son groupe de genre décroît chez les filles, reste stable chez les garçons d’origine européenne, mais augmente chez les garçons d’origine maghrébine. Ces résultats sont discutés à la lumière des différences de genre et d’origine culturelle en termes de réussite scolaire.