Augmenter l’espacement entre les caractères des mots : une aide pour guider le regard des enfants dyslexiques ?

auteurs

  • Bellocchi Stéphanie
  • Massendari Delphine
  • Livet Marie-Odile
  • Grainger Jonathan
  • Ducrot Stéphanie

mots-clés

  • Espacement inter-lettre
  • Programmation saccadique
  • Dyslexie développementale

type de document

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résumé

La plupart des études aujourd'hui s'accordent sur le lien entre les compétences visuo attentionnelles et le contrôle oculomoteur lors de la lecture. Dans une étude précédente, nous avons montré que les enfants normo-lecteurs de CM2 sont capables de mettre en place, tout comme les lecteurs experts, un balayage visuo-attentionnel gauche-droite, se traduisant par une asymétrie dans le patron d'atterrissage de la position d'arrivée dans les mots (Bellocchi et al, 2013). Ce mécanisme dépend de la présence d’espaces entre les caractères (i.e. caractère discret du stimulus, Ducrot et Pynte, 2002). Par ailleurs, il semblerait que celui-ci soit moins automatisé chez des enfants avec un plus faible niveau de lecture ou atteints d’une dyslexie. En outre, certaines études ont montré récemment que l'augmentation de l'espacement entre les lettres (ou entre les mots) améliore la lisibilité des textes, en particulier pour les enfants dyslexiques (ex. Perea et al., 2012 ; Zorzi et al., 2012). Compte tenu de l'importance du caractère discret dans la programmation des saccades et de l'importance de l'augmentation de l'espacement inter-lettre pour la lisibilité du texte chez les dyslexiques, l'objectif de cette étude est d'examiner si l'augmentation de l’espacement inter-lettre pouvait générer une programmation saccadique plus précise, et de cette façon aider plus spécifiquement les apprentis lecteurs et les enfants dyslexiques. Pour explorer cette question, nous avons mesuré les mouvements oculaires de trois groupes d'enfants : dyslexiques, normo-lecteurs avec le même âge lexical des dyslexiques et normo-lecteurs avec le même âge chronologique des dyslexiques. Pendant l’enregistrement des mouvements oculaires, les participants ont effectué deux tâches chacun, présentées de manière contrebalancée : une tâche de bissection oculaire latéralisée (les participants devaient viser avec leur yeux une position qu'ils pensaient être le milieu du stimulus) et une tâche de décision lexicale latéralisée (TDL). Le type de stimulus - tâche de bissection (mots vs stimuli non-linguistiques), TDL (mots vs pseudo-mots) et l’espacement (espacé vs espacement normal) - en combinaison avec le champ visuel de présentation (gauche vs droite) ont été manipulés. Les résultats principaux ont montré que la programmation de la saccade est modulée par l’espacement, le champ visuel et le niveau de lecture. En particulier, la taille de l’asymétrie est plus importante dans la TDL qui nécessite davantage de se positionner au bon endroit dans les deux champs visuels. De plus, les dyslexiques et les apprentis lecteurs sont capables d’augmenter la taille de leur saccade dans la TDL : leur stratégie de lecture étant encore parfois basée sur le décodage, il est d’autant plus important de se positionner au début des mots dans la TDL. Pour terminer, les résultats ne semblent pas aller dans le sens d’un effet de facilitation de l’augmentation de l’espacement sur la programmation saccadique, quel que soit le niveau de lecture des enfants.

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