Le tabac est la première cause de mortalité évitable en France (60 000 décès par an) et la première cause de cancer. Un fumeur sur deux mourra des conséquences du tabagisme ", rappelle le ministère de la Santé et des Sports, qui a fait de la lutte contre le tabagisme une de ses priorités. Un article publié le 25 février 2010 dans le magazine scientifique Nature appelle à ne pas ralentir les efforts dans cette lutte face à des statistiques qui pourraient paraître encourageantes. En effet, l'occurrence de certaines maladies liées au tabac a tendance à diminuer pour la première fois depuis des années dans certains pays industrialisés. Il n'en demeure pas moins 1,2 milliard de fumeurs dans le monde pour qui 6,3 trillions de cigarettes seront produites en 2010. Ce chiffre représente une consommation annuelle moyenne de plus de 900 cigarettes pour chaque homme, femme et enfant sur la planète. D'après le Rapport sur l'épidémie mondiale de tabagisme publié en 2009 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le tabac tue plus de 5 millions de personnes chaque année. Si les tendances actuelles se maintiennent, ce chiffre s'élèvera à 8 millions d'ici à 2030. L'OMS estime à un milliard le nombre de personnes qui succomberont aux conséquences, directes ou non, du tabagisme avant la fin du siècle si rien ne change. Face aux échecs répétés des diverses stratégies mises en place, les pouvoirs publics se doivent d'explorer de nouvelles pistes afin n d'améliorer les politiques de prévention de ce fléau. Le présent chapitre s'intéresse aux apports potentiels des sciences du cerveau pour mieux comprendre et prévenir le comportement tabagique. Le recours aux neurosciences à cette fin n'est pas nouveau puisqu'il a notamment permis une meilleure connaissance des mécanismes cérébraux de l'addiction à la nicotine. Ainsi, nombre des médicaments prescrits pour aider à arrêter de fumer agissent sur le système cérébral dit " de la récompense ". Mais au-delà de ces travaux, la nouveauté de l'approche introduite ici réside dans l'utilisation des sciences du cerveau pour affiner voire élaborer des stratégies de prévention contre le tabagisme. L'exemple des campagnes dites " choc ", qui se répandent sur les paquets de cigarettes ou dans les médias, montre à quel point il est nécessaire de mobiliser toutes les ressources scientifiques disponibles pour optimiser de telles mesures et éviter leurs potentiels effets pervers. Parmi ces apports, les neurosciences du consommateur, encore peu utilisées aujourd'hui, apparaissent prometteuses pour les années à venir.