Une hypothèse dominant actuellement les théories sur l’évolution des capacités syntaxiques est celle d’une spécificité humaine pour le traitement des grammaires supra-régulières. Cette hypothèse est supportée par les données comparatives actuellement disponibles, qui ne fournissent pas de démonstration non ambiguë de cette capacité chez une autre espèce. Dans cette thèse, nous avons adopté une nouvelle approche consistant à examiner si ces échecs pourraient découler de la difficulté que représente l'extraction de régularités non-adjacentes. Pour tester cette hypothèse, nous avons mené une série de quatre études chez le babouin de guinée (Papio papio) et l’humain. La première étude montre que les babouins requièrent une quantité d’exposition beaucoup plus importante que l’humain pour apprendre des associations non-adjacentes. Dans une seconde étude, les babouins ont pu généraliser des patterns basés sur une répétition adjacente ou non-adjacente d’un élément, mais ils se sont montrés davantage sensibles à ces premiers. Une troisième étude, corrélationnelle, révèle que les babouins se montrant sensibles aux régularités non-adjacentes ne sont pas ceux obtenant les meilleures performances pour l’apprentissage de dépendances adjacentes. Une dernière étude suggère que les babouins sont sensibles à une structure en miroir (impliquant des dépendances centrées-emboitées), mais pas à une structure en copie (à dépendances croisées). Ces résultats mettent au jour une importante continuité des capacités syntaxiques au sein de la lignée des primates, mais révèlent également des différences inter-spécifiques importantes dans les contraintes mnésiques pesant sur celles-ci.