La parole pourrait être plus ancienne qu’on ne le croyait. Depuis 50 ans, la théorie de la « descente du larynx » avance qu’une position basse du larynx est nécessaire pour produire des voyelles différenciées, préalable à l’apparition de la parole. Les singes, qui ont une anatomie du conduit vocal qui ressemble, pour l’essentiel des articulateurs (langue, mandibule, lèvres), à celle des humains, mais avec un larynx haut, ne pourraient pas produire de vocalisations différenciées. Or, dans un article de synthèse à paraître le 11 décembre 2019 dans Science Advances, Joël Fagot (équipe Cognition comparée) et ses collaborateurs de l’Université Grenoble Alpes montrent que les singes produisent des proto-voyelles bien différenciées. La production des vocalisations différenciées n’est donc pas une question de variantes anatomiques mais de contrôle des articulateurs. Ces travaux laissent à penser que la parole pourrait être née bien au-delà des 200 000 ans généralement avancés par les linguistes actuellement.
Bibliographie: Which way to the dawn of speech: Reanalyzing half a century of debates and data in light of speech science. Louis-Jean Boë, Thomas R. Sawallis, Joël Fagot, Pierre Badin, Guillaume Barbier, Guillaume Captier, Lucie Ménard, Jean-Louis Heim, Jean-Luc Schwartz. Science Advances, le 11 décembre 2019. pdf open access