Soutenande de thèse Tiphaine Medam

Date: 
Jeudi, 12 Décembre, 2019 - 13:30
Date fin: 
Jeudi, 12 Décembre, 2019 - 17:00
Lieu: 
Salle des actes, bat 4 - Campus St Charles

Tiphiane Medam soutiendra sa thèse
le 12 décembre 2019 à 13h30, dans la salle des actes, bat 4 - Campus St Charles

"Etude des prérequis cognitifs du sympobilsme et de la sémantique combinatoire chez le babouin de Guinée (Papio papio)"

Composition du Jury :

Anne REBOUL (Rapporteur) - Université Lyon 1
Emmanuel CHEMLA (Rapporteur) - École Normale Supérieure
Laurent PREVOT (Examinateur) - Université d’Aix-Marseille
Joël FAGOT (Directeur) - Université d’Aix-Marseille

 

Résumé :

Les compétences sémantiques des animaux non-humains, i.e. leurs capacités à traiter et produire des signaux de communication signifiants, font l’objet d’un intérêt croissant de la part des éthologues mais aussi des linguistes. Pourtant, les expériences visant à identifier les processus cognitifs favorisant ou, au contraire, limitant l’émergence des propriétés sémantiques caractéristiques du langage sont encore trop peu représentées dans les travaux comparatifs sur ces questions. Dans ce contexte, l’objectif de cette thèse était d’explorer chez le babouin de Guinée (Papio papio) deux des propriétés sémantiques fondamentales du langage : la symétrie et la sémantique combinatoire.

Le symbolisme (la capacité des mots à représenter des entités extralinguistiques qui peuvent être spatialement et/ou temporellement absentes de la situation d’énonciation, voire abstraites) repose sur les capacités à former à la fois (i) des représentations catégorielles des référents
d’un mot (i.e., des concepts) et (ii) des relations symétriques (i.e., bilatérales) entre les mots et leurs référents respectifs. Tandis que les premières sont démontrées chez une grande variété d’espèces, les secondes sont difficiles à mettre en évidence chez des animaux non-humains. Nous avons évalué chez le babouin l’influence du traitement catégoriel d’objets visuels sur l’émergence de relations symétriques entre ces objets et des labels arbitraires. Les résultats confirment que la catégorisation n’est pas une difficulté pour les primates non-humains, mais montrent aussi qu’elle ne suffit pas à favoriser l'émergence de la symétrie. Nous avons ensuite cherché à distinguer chez le babouin et chez l’humain les effets respectifs de deux propriétés des relations symétriques : (i) l’inversion de l’ordre entre les stimuli, et (ii) la préservation de leur relation. Les résultats montrent que, si les performances des humains comme des babouins sont perturbées par un changement d’ordre entre des stimuli associés, la préservation de la relation entre les stimuli (caractéristique des relations symétriques) a un effet facilitant pour les humains, mais pas pour les babouins.

La compositionnalité (le processus permettant d’interpréter des expressions complexes à partir des significations respectives des mots qui les composent et de leur organisation syntaxique) repose en premier lieu sur une sémantique combinatoire, c’est-à-dire l’intégration et/ou l’inférence
des significations respectives de mots combinés dans des situations où leur ordre n’est pas signifiant. Nous avons évalué la capacité du babouin à associer des combinaisons de labels (un de forme et un de couleur) et leurs référents respectifs dans le cadre d’expériences reproduisant deux situations distinctes auxquelles les enfants qui acquièrent le langage sont confrontés : (i) les sujets étaient entraînés sur certaines combinaisons de labels et testés sur de nouvelles, et (ii) les sujets étaient entraînés sur des labels isolés et testés sur leurs combinaisons. Les résultats suggèrent à la fois que les primates non-humains peuvent inférer (quoique difficilement) les significations de labels de leurs combinaisons et qu’ils ne parviennent pas à intégrer les significations de labels combinés lorsqu’ils ont été appris isolément.
Dans l’ensemble, ces expériences suggèrent que les différences entre les compétences sémantiques des animaux non-humains et celles des humains ne sont pas seulement le résultat de facteurs écologiques ou de facultés cognitives complexes, comme la théorie de l’esprit, mais aussi de compétences cognitives de bas niveau.